La Tunisie post-révolution a vu ses équilibres macro-économiques se détériorer de manière régulière:
– Croissance en berne, passée de plus de 4%, en 2012 à moins de 2.8%, en 2018.
– Explosion du budget de l’Etat, passé de 16 milliards de TND en 2010 à plus de 32 en 2018, essentiellement dans sa composante rémunération des fonctionnaires, qui représente aujourd’hui près de 15% du PIB et plus de 40% du budget
– Le déficit de la balance commerciale s’est détérioré de 63,03% en 2018. Il s’est établi à 1781.6 MD en Juillet contre 1092.8 MD une année auparavant.
– Productivité en baisse de 2.7%.
– Réserves en devise en dessous de 90 jours d’importation et flirtant maintenant avec les 70 et moins.
– Recours à l’emprunt extérieur pour couvrir les besoins de fonctionnement et le remboursement des échéances antérieures, conduisant à un taux d’endettement qui est passé de 40% du PIB en 2010 à 70% en 2018.
– Pression fiscale de plus en plus lourde et qui dépasse les 21% en 2018 pour le secteur organisé, afin de combler les déficits.
Le rang du pays dans le classement du Doing Business est de 88/190 en 2018 et dans celui du forum économique mondial est de 87/140 en 2018. Des réformes structurelles significatives sont demandées par les bailleurs de fonds pour continuer à soutenir la Tunisie, considérée désormais comme un pays fragile dépendant de plus de ces bailleurs pour maintenir ses équilibres macro-économiques. Pour répondre à ces demandes, certaines réformes ont été menées, avec des résultats mitigés.
En revanche, d’autres réformes, pourtant nécessaires, sont aujourd’hui occultées, sous prétexte du risque qu’elles pourraient représenter au niveau des réserves de change, de l’équilibre social ou du déficit budgétaire. Il s’agit de tout ce qui touche à la réglementation de change, au marché du travail et à la pression fiscale. L’entreprise, qu’elle soit privée ou publique, est ainsi appelée aujourd’hui à mieux performer dans un environnement où il est de plus en plus difficile de se mouvoir.
La marge de manœuvre pour entamer ces reformes a toujours été réduite, mais elle s’est de plus en plus amenuisée au fil du temps. Par peur de rompre des équilibres macro-économiques et sociaux fragiles, nous avons reporté à demain… et le risque d’une rupture brutale devient de plus en plus grand aujourd’hui. Alors, faut-il continuer à maintenir une certaine rigidité pour passer le cap, en attendant que les choses s’améliorent ? faut-il procéder par petites touches en espérant que l’on enclenchera une spirale vertueuse ? ou bien faut-il aller vers des solutions de rupture qui donneront une véritable impulsion nouvelle, au risque d’avoir un dérapage majeur si les choses se passent mal ?